À rebours des lignes toutes tracées, la décennie qui s’ouvre n’a pas l’intention de jouer le remake de ses vingt dernières années. Un vent de changement souffle sur la France, qui s’écarte des sentiers battus pour explorer de nouveaux équilibres entre État stratège et initiative privée.
Le plan France 2030 incarne ce virage. Il ne s’agit plus de saupoudrer des aides ni de bricoler l’existant, mais de mobiliser 54 milliards d’euros pour transformer en profondeur l’industrie, la technologie et l’écologie françaises. Ce choix s’impose alors que la compétition mondiale s’intensifie, des États-Unis à la Chine, et que l’Europe s’agite pour ne pas rester spectatrice. Ce n’est pas un hasard si la sélection des secteurs clés et les modes d’investissement affichent une volonté claire : réinventer le rôle de la France dans l’économie globale.
France 2030 : comprendre les ambitions et les axes stratégiques du plan
France 2030 ne se contente pas de rattraper le retard. Il s’inspire d’une démarche prospective assumée, à rebours de la frilosité qui a dominé l’action publique ces vingt dernières années. L’atlas La France en perspectives. Imaginer 2050, signé par Frédéric Gilli, Martin Vanier et Aurélien Delpirou, éclaire le débat en dessinant les mutations à venir sur les plans économique, sociétal et territorial. Cette réflexion nourrit les choix politiques actuels : voir loin, anticiper les ruptures, bâtir le futur au lieu de le subir.
La méthode tranche avec la routine : il ne s’agit plus de raisonner en silos, mais d’accélérer la transformation industrielle et technologique en orchestrant l’action des acteurs publics et privés. Trois piliers donnent le ton : investissement massif, soutien à l’innovation, transition écologique. L’État cible des secteurs jugés décisifs :
- énergies renouvelables
- production décarbonée
- numérique avancé
- santé
- mobilité du futur
Conserver une place de choix en Europe et au-delà, tout en composant avec les exigences écologiques et le souci de la cohésion sociale : telle est l’équation française. Plusieurs leviers, détaillés ci-dessous, structurent cette ambition :
- Transformation industrielle : relocaliser la production, automatiser, robotiser. L’objectif : retrouver prise sur la chaîne de valeur et réduire la dépendance extérieure.
- Transition énergétique : miser sur l’hydrogène, améliorer l’efficacité énergétique, tourner la page des énergies fossiles pas à pas.
- Innovation : soutenir les start-up, valoriser la recherche publique, injecter des fonds dans la deeptech.
La vision portée par La France en perspectives. Imaginer 2050 irrigue ce projet : la France n’est pas une île immobile, mais un acteur traversé de tensions, d’élans et de contradictions. L’ambition affichée est nette : conjuguer souveraineté, adaptabilité et anticipation dans un paysage européen et mondial instable.
Quels objectifs économiques pour la décennie 2017-2027 et quels leviers de transformation ?
Entre 2017 et 2027, la France vise une croissance plus solide, mais surtout mieux orientée. L’environnement mondialisé, les tensions géopolitiques et la course à la numérisation poussent à revoir les fondamentaux. Les analyses de Futuribles International posent la question sans détour : la France saura-t-elle bâtir une trajectoire macroéconomique équilibrée, à l’heure où le vieillissement de la population et l’évolution des métiers bouleversent le paysage ?
Le cap est clair : gagner en qualité de production, réduire les inégalités, rééquilibrer la balance extérieure. Cette ambition, loin des slogans, se traduit par des leviers concrets :
- Investissement public et privé : injecter des moyens dans l’innovation, les infrastructures numériques, la transition énergétique, pour mettre en route de nouveaux moteurs industriels.
- Facteur travail : miser sur les compétences, renforcer la formation continue, revaloriser les métiers stratégiques pour attirer et fidéliser les talents.
- Cohésion sociale : déployer des politiques ciblées pour faciliter l’accès à l’emploi, favoriser la mobilité sociale et limiter les fractures territoriales.
Cette décennie s’accompagne d’un effort de réflexion rarement atteint, structuré en quatre axes : se projeter dans le monde de demain, comprendre les mutations de la société française, analyser l’économie en mouvement et repenser les lieux de vie. La transformation ne se limite plus à l’industrie : elle interroge la place du travail, la logique d’investissement et la capacité à anticiper les bouleversements du tissu productif. L’équilibre entre innovation technologique et adaptation sociale devient la pierre angulaire d’un modèle à réinventer.
Innovation, croissance, secteurs d’avenir : quels impacts attendus sur l’économie française ?
La question de l’innovation s’impose au cœur de la prospective française. Avec La France en perspectives. Imaginer 2050 (Autrement, 2024), Frédéric Gilli, Martin Vanier et Aurélien Delpirou déplacent le regard : la transition écologique et la redéfinition des secteurs stratégiques deviennent les nouveaux moteurs de la croissance.
Il ne s’agit plus simplement de compter les points de croissance. Ce qui compte désormais, c’est la capacité à provoquer des ruptures dans les énergies renouvelables, à repenser entièrement les chaînes de valeur autour de technologies sobres, à tisser des partenariats inédits avec l’international. L’industrie, les services, mais aussi les territoires, deviennent des laboratoires d’innovation.
Voici comment ces évolutions redessinent le paysage économique :
- L’adoption de nouveaux modes de production, numériques, circulaires, décarbonés, transforme la structure même de l’économie nationale.
- L’abandon progressif des énergies fossiles oblige à inventer de nouveaux modèles de création de valeur, aussi bien dans l’industrie que dans les services à forte composante technologique.
- La coopération européenne et internationale, fil conducteur de l’ouvrage, lie innovation et souveraineté économique de façon inédite.
Au-delà des secteurs, la prospective française interroge aussi les usages, les modes de vie, la dynamique des territoires et le rôle des politiques publiques. L’innovation irrigue chaque recoin du tissu productif, mais elle suppose aussi une adaptation profonde des compétences et des organisations. Les défis sont multiples, l’exigence de transformation est permanente.
Dans dix ans, la France ne ressemblera plus à celle d’hier. La mutation est en marche : elle s’écrira dans les usines, les laboratoires, les villes et les campagnes, là où se brassent déjà les défis et les espoirs du siècle qui vient.